Ma définition du féminisme, inspirée par une Dame d'Honneur: Anne Sinclair
"Heaven has no rage like love to hatred turned, Nor hell a fury like a woman scorned” William Congreve, The Mourning Bride
“L’enfer n’a de fureur qu’une femme bafouée’'. Et l’ex-première compagne de France nous l'a démontré avec une spectacle d'une extraordinaire pauvreté. Il eut été si bon qu’elle s’inspirât de cette illustre ainée qu’est Anne Sinclair! Elle aurait appris qu’une femme bafouée peut rester digne dans la douleur et éviter le piège de la gaminerie populaire.
Le 15 Mai 2011 au matin, mon ami Cédric vient me chercher en sortie de discothèque à Lille et m’annonce que DSK a été arrêté. Je suis légèrement éméché, l’annonce me sonne donc comme dans un rêve. Une fois chez lui, télécommande, BFM TV, je découvre cette violente image qui choquera la France: DSK menotté, sous escorte policière. Une image qui tétanisa une France, de Français et Non-Français, qui espérait en DSK et voyait en lui le réparateur de la France post-Sarkozy. Plus que DSK lui-même, je me suis intéressé aux attaques contre Anne Sinclair, et à ses reactions face a ces attaques. J’avais déjà une profonde admiration pour cette grande femme, et je dois avouer que son attitude en tout point exemplaire a été une leçon. Une leçon de courageuse humilité, une très rafraîchissante leçon de féminisme.
Apparaitre en femme trompée aux yeux de l’Amérique, l’une des nations les plus traditionalistes sur les valeurs du mariage et de la famille. Quelle violence pour celle qui, épouse d'un homme à rang de Chef d’Etat, avait donc rang de First Lady. Son époux était également candidat (non-officiellement déclaré mais à peine voile) aux primaires socialistes et trustait régulièrement la tête des sondages face a Nicolas Sarkozy - rien que l’écriture de ce nom me déchire, tellement il m'irrite, au moins intellectuellement. C’était donc potentiellement une Première Dame de France. Nous ne saurons jamais ce qui se passa entre les 4 murs de leur maison de Tribeca lorsque DSK a été libéré sous caution. Par contre, nous garderons tous les images d’une femme solidement accrochée au bras de “The Perv”, surnom “affectueusement” donné a son mari par la presse et les nombreux collectifs de défense des droits des femmes aux US.
Nous gardons les images d’une femme froide quand il le fallait, souriante à propos, assumant avec brio une situation dont on ne saurait imaginer l’horreur affective et psychologique. Mme Sinclair et restée humble, évitant de s’exprimer, se montrant épouse aux cotes de son homme dans la tourmente. Courageuse et sereine, au moins en public, face aux multiples donneuses et donneurs de leçons qui avaient trouvé un terrain d’expression parfait en cette affaire de moeurs privées. D’ailleurs, faut-il le rappeler, DSK n’est coupable de rien aux yeux de la loi puisqu’il y eut un non-lieu. Au risque (assumé) de paraître provocateur, Mme Sinclair a donc été une épouse solide dans la tourmente d’un époux non-coupable.
Mme Sinclair choisit de s’exprimer trois ans plus tard face a Laurent Delahousse. Alors que la tempête est passée. De cette grande dame, je retiens cette belle phrase: “Le féminisme c'est de dire au fond, ce que je veux, comme je veux et que personne s'en mêle”.
Quel beau tacle a ces “féministes autoproclamées”, comme elle le dit si bien. Je ne saurai donner plus belle et plus juste definition du féminisme, dont bien des femmes devraient s’inspirer. C’est souvent dans des situations humiliantes que s’exprime le courage des grandes personnes. Mme Trierweiler aurait pu suivre ce magnifique exemple mais a manifestement choisi de nous offrir un piètre moment, moment pour lequel je ne lui dirai jamais merci.