J'ai lu "La Férocité Blanche" de Rosa Amelia Plumelle-Uribe

J'ai lu "La Férocité Blanche" de Rosa Amelia Plumelle-Uribe

J'ai posté ce tweet il y a un peu plus d'un mois:

J'ai dû m'y prendre à 3 fois pour bien m'imprégner de ce livre. Non pas qu'il soit particulièrement difficile à lire, loin de là. Il est riche en références historiques qu'il faut prendre le temps de rechercher pour apprécier pleinement le travail de l'auteur. Et pour tout vous dire, je me suis délecté!

Rosa Plumelle-Uribe démontre que la supériorité auto-proclamée de la race blanche est presque aussi vieille que l'histoire du Vieux Continent. L'esprit blanc a un fort historique de condescendance, voyant systématiquement en l'autre non pas source d'enrichissement (si ce n'est matériel) mais moyen d'asservissement. D'abord entre peuples voisins, au jeu des royaumes conquérants, puis en théorisant les questions raciales. Rosa Plumelle-Uribe s'appuie notamment sur nombre d'événements historiques, de la colonisation de l'Amérique à l'Apartheid en passant par la Traite des Noirs et la Shoah.

Rosa Plumelle-Uribe fait remarquer que tout l'arsenal juridique nazi n'émouvait que peu les voisins européens. Hitler avait réussi à établir, même au sein de la race blanche, un catégorie supérieure dite race aryenne, faisant de tout non-aryen un non-blanc de facto. A commencer par les Juifs, dont la violente répression ne suscitait que peu de réactions, du moins de façon officielle. Heureusement qu'il y avait quelques justes qui, indignés, portaient secours aux Juifs persécutés. Et Rosa Plumelle-Uribe d'ajouter que même la Shoah seule n'aurait pas suffit à émouvoir l'Europe. C'est uniquement parce que ces atrocités se sont déroulés sur le sol européen que la race blanche en a réalisé l'horreur. Pour preuve, au spectacle du massacre de races dites inférieures, la race blanche n'en était pas à son premier coup d'essai:

- Les massacres des autochtones d'Amérique par les explorateurs blancs d'Europe
- Le commerce triangulaire, l'une des formes les plus abouties de la barbarie blanche.
- La colonisation au Congo Belge où le Roi autorisait des sévisses corporels aux autochtones pour son plaisir personnel

L'un des passages les plus effrayants du livre est le chapitre ou Rosa Plumelle-Uribe montre que ces mêmes européens qui ont déclaré la Shoah comme contre l'humanité ont été d'une rare lenteur a se prononcer contre l'Apartheid Lui même, fait de sympathisants nazis. Comment expliquer que l'indignation générale aie laissé place à ce silence? Il y aurait donc des massacres moindres? L'histoire suggère qu'il s'agit de ceux qui se déroulent hors d'Europe, parce que l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs. La Shoah deviendrait presque exception, et on serait tentés de dire que le peuple Juif doit son salut à ce que l'entreprise de destruction nazie aie eu lieu en Europe.

Quoiqu'il en soit, la Shoah est un crime contre l'humanité, et nul ne doit le contester. Attention toutefois à ne pas céder à la tentation de la compétition pour la compassion, parce que chaque peuple a son histoire. L'Europe a une relation particulière avec les Juifs parce que la Shoah s'est produite sur son sol et est donc intrinsèquement gravée dans son histoire. Idem pour l'Amérique avec les Noirs en raison de la Traite des esclavage. La tentation de la comparaison est grande, tout comme les tendances victimaires. Elles le seront moins grâce à la réappropriation de notre histoire, par nous-même.

Je vous recommande chaudement ce livre. Facile, et très agréable, parfois difficile pour les émotions, toujours excitant pour le cerveau. Lisez-le et, si vous le souhaitez, discutons de ce que vous en aurez pensé!

Public buses on both sides of the Channel

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Thank you for your wishes, and have a fruitful Lent!

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